Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/138

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que j’ai indiqués, se balançaient exactement, serait-on en droit de dire que la répartition du revenu social ne se fait pas seulement entre les capitalistes en tant que tels, les propriétaires de fonds et les travailleurs, mais que de ce revenu une part revient aux entrepreneurs ? Il ne le semble point. Ainsi la question que je veux discuter se posera en ces termes : si l’on prend l’ensemble des bénéfices — et des pertes — des entrepreneurs que l’on soustraie de cet ensemble tout ce qui est intérêt, rente ou revenu du travail, reste-t-il un quatrième revenu que l’on puisse appeler profit ?


61. Ainsi posée, la question paraît au premier abord appeler une réponse négative. Du moins l’on constate que ceux qui ont affirmé l’existence du profit comme revenu spécifique se sont bornés à l’affirmer, à la postuler.

On dit[1] : la fonction de l’entrepreneur, c’est de mettre en œuvre les capitaux, c’est de transformer des matériaux, des matières premières de manière à les rendre utilisables, de développer en quelque sorte la valeur qui est en puissance dans ces matériaux. Mais ici cette objection se dresse immédiatement que Böhm-Bawerk faisait à la théorie de la productivité du capital en tant qu’explicative de l’intérêt : est-il vrai, est-il possible que les matériaux destinés à être transformés en biens utilisables, déduction faite des frais de la transformation, et des intérêts des capitaux dont cette transformation exige l’avance, vaillent moins que ces biens utilisables eux-mêmes ? la concurrence des entrepreneurs n’établira-t-elle pas l’égalité parfaite de ces deux valeurs, dans la mesure du moins où elle peut s’exercer, et pour autant qu’elle n’est pas contrariée

  1. Mataja, ch. 2, Gross, ch. 3.