Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/137

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dans la formation du gain de l’entrepreneur, d’oublier qu’un entrepreneur peut réaliser des gains en confiant la direction de son affaire à un employé salarié et sans y apporter lui-même la moindre somme de travail. Mais le plus fâcheux, c’est que cette école ne nous dit pas si oui ou non elle voit dans le profit uniquement une rémunération du travail : elle semble ne pas y voir autre chose, elle ne se prononce pas expressément là-dessus.

60. ne craindrai donc pas de répéter que la première question à résoudre, quand on s’occupe du profit, c’est de savoir s’il existe un revenu — qu’on appellerait le profit — distinct des trois revenus que l’on reconnaît universellement, et que nous avons appris à distinguer. Prenons le gain d’un entrepreneur, son bénéfice net. De ce bénéfice, retranchons l’intérêt des capitaux qu’il a apportés dans son entreprise — cet intérêt, c’est ce que ses capitaux lui rapporteraient, prêtés à un emprunteur ; le montant en est bien connu, puisqu’il y a un taux uniforme de l’intérêt sur le marché — ; retranchons aussi la rente des fonds qu’il a apportés — cette rente, c’est ce qu’il tirerait de ses fonds, en les louant au mieux — ; déduisons enfin, pour constituer le revenu du travail de notre entrepreneur, ce que celui-ci aurait pu gagner au maximum, en se faisant employer dans l’entreprise d’un autre et en fournissant à cet autre la même somme de travail qu’il dépense pour son propre compte. Reste-t-il quelque chose après tous ces retranchements ? Sans aucun doute, il restera, dans la plupart des cas, une quantité positive ou négative, un gain ou une perte. Mais pour autant que ces gains et ces pertes se compensent dans l’ensemble, il n’y a pas lieu de les prendre en considération dans l’ensemble de la société les gains et les pertes des entrepreneurs, après les retranchements