Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/140

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gain spécifique de l’entrepreneur, que les entrepreneurs, maîtres de diriger leur entreprise à leur gré, ayant la perspective de bénéficier de tout ce que leur travail ajoutera au rendement de ces entreprises, apportent à leur affaire plus d’attention, d’activité, de zèle que s’ils dirigeaient ces mêmes entreprises pour le compte d’autrui, à titre d’employés salariés, ou même d’employés intéressés ? et tirera-t-on de là cette conséquence qu’entre le produit de l’entreprise et ce que l’entrepreneur est obligé de verser à d’autres, ou ce qui serait la rémunération de son travail s’il travaillait dans d’autres conditions, il y a une marge, que l’on pourra appeler le profit ? Mais il est certain que la concurrence des entrepreneurs fera disparaître cette marge, et qu’ainsi disparaîtra ce profit en quelque sorte absolu qu’on pouvait croire avoir atteint.

Que penser enfin de ceux qui voient un élément tout au moins du profit dans la prime que l’entrepreneur se fait payer — par ses clients, par les consommateurs à qui il débite ses produits — pour les risques qu’il a courus, ces risques inhérents à toutes ou à presque toutes les entreprises[1] ? Si cette prime est exactement calculée, si elle correspond exactement aux risques courus, en termes plus clairs, si cet élément du profit pris chez ceux qui le perçoivent est égal à ce que perdent les entrepreneurs qui ne font pas leurs frais, alors, conformément à ce que j’ai dit plus haut, il n’y aura pas lieu d’en tenir compte. Que si on prétend que les primes d’assurance perçues par les uns font plus que compenser les pertes des autres, alors il y aura bien dans ces primes un revenu spécifiquement distinct. Mais la démonstration n’est faite, ni même tentée nulle part, que cet excédent des gains des uns sur les pertes des autres existe vraiment.

  1. Dans ce sens se serait prononcé Mangoldt (voir Mataja, p. 91).