Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/141

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62. Y a-t-il donc lieu de nier le gain spécifique de l’entrepreneur, l’existence de ce profit qui ne doit se confondre ni avec l’intérêt, ni avec la rente, ni avec le revenu du travail ? Non pas. Il existe deux raisons de l’existence du profit comme revenu spécifique. L’une de ces raisons est réelle certainement, et ne peut manquer de produire son effet ; l’autre ne peut être posée que d’une manière hypothétique.

La première raison, c’est que les facultés des individus ne s’exercent pas avec le même bonheur partout. Le propriétaire d’une terre exige pour le loyer de sa terre une rente annuelle de 10.000 francs : cela veut dire que chacun dans la société prenant cet emploi, parmi ceux qui lui sont ouverts, où il trouvera le plus d’avantage, notre propriétaire ne verra personne (qui soit disposé à lui offrir plus de 10.000 francs du loyer de sa terre. Cependant le fermier qui paie 10.000 francs a sa rente une fois payée, un gain de 5.000 francs. Ce gain représente-t-il uniquement la rémunération de son travail ? Pour le savoir, il faut considérer ce que gagnerait notre fermier dans le plus avantageux des emplois où il pourrait s’occuper. Or rien n’empêche que cet emploi le plus avantageux assure seulement à notre fermier 3.000 francs ; auquel cas, il resterait une marge de 2.000 francs où il faudrait voir un profit d’entreprise spécifique. Et ce profit aurait sa source dans la convenance réciproque particulière de l’entrepreneur et de l’entreprise, dans ce fait que nul entrepreneur n’aurait plus d’avantage que celui-là à s’occuper de cette entreprise, et que nulle entreprise ne serait aussi bonne pour cet entrepreneur que celle-là.

La deuxième des raisons qui peuvent donner naissance à un gain des entrepreneurs en tant que tels a