Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/149

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autrement dit le fait que tout déplacement dans la consommation est préjudiciable, en tant qu’il rompt l’équilibre de la consommation, qu’il aggrave un défaut d’équilibre, ou qu’il remplace un défaut d’équilibre par un défaut d’équilibre inverse et plus marqué ;

4. (d) une préférence systématiquement accordée aux biens présents, à utilité égale, sur les biens futurs, autrement dit une dépréciation systématique des biens futurs.

Il y a donc tout d’abord quatre raisons de ce qu’on appelle souvent la rareté du capital[1]. Ces raisons sans doute n’agissent pas toujours : mais ceux pour qui elles n’existent pas n’ont jamais avantage à perdre ou à donner des intérêts pour les capitaux qu’ils avanceraient ; ils sont seulement en situation de pouvoir consentir des avances ou des prêts gratuits. J’ajoute que, l’intérêt existant — et il existera, comme il a été vu, si les capitaux n’exigeant pas d’intérêts ne suffisent pas pour les emplois lucratifs ouverts au capital —, ceux-là mêmes pour qui aucune des quatre raisons indiquées ci-dessus n’a de réalité ne consentiront à faire des avances que moyennant un intérêt ; à défaut d’autre raison, on exigera un intérêt parce qu’il est possible d’en obtenir un à nos quatre raisons de

  1. On conçoit qu’il importe grandement ici de voir comment se fait l’épargne des capitaux, et comment est consomme le rendement de ces capitaux. Soit un individu dont les besoins demeurent constants, et dont les ressources s’élèvent chaque année à 10.000 francs. Cet individu économise 5 000 francs : il ne sera pas indifférent qu’il les économise en un an, ou en 5 ans ; dans le premier cas il aura une certaine année réduit sa consommation de 10.000 francs à 5 000, dans l’autre cas il aura pendant cinq années réduit sa consommation de 10.000 francs à 9.000 ; la deuxième façon de procéder est préférable. De même lorsque notre individu aura retrouvé ses 5.000 francs, il lui sera beaucoup plus avantageux d’accroître pendant 5 ans ses dépenses de 1.000 francs que de dépenser les 5.000 francs d’un coup (à moins qu’il ne les dépense en achat de biens durables auquel cas nous retombons dans l’hypothèse précédente) ; il lui sera plus avantageux de dépenser ses 5.000 francs en 10 ans qu’en 5, etc. Je reparlerai de ceci plus tard.