Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/161

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elles pour l’intérêt ? Consultant l’histoire de la science économique, Böhm-Bawerk croit y constater que sous le nom commun d’intérêt on a entendu toujours non pas des phénomènes de natures diverses, mais des phénomènes unis par une ressemblance intime[1]. Mais l’opinion commune constitue-t-elle une autorité devant laquelle il faille s’incliner ? Les auteurs, jusqu’à Dietzel, se seraient tous enfermés dans une théorie unilatérale et simpliste de l’intérêt, que nous ne serions pas forcés de les imiter : la tendance à unifier et à simplifier, surtout dans l’étude et l’explication des objets abstraits, est trop naturelle pour qu’il soit inconcevable qu’une série d’auteurs se soient laissé abuser par elle. Et puis en fait les « éclectiques » comme Dietzel sont nombreux parmi les théoriciens de l’intérêt ; ils sont bien plus nombreux que Böhm-Bawerk ne l’a dit dans son histoire, beaucoup des auteurs dont Böhm-Bawerk classe les théories sous la rubrique de la productivité ou de l’abstinence ayant en réalité fait une place dans leur théorie — une place secondaire il est vrai — à d’autres éléments d’explication, ayant indiqué ces éléments, à la vérité d’une manière pas assez explicite.

73. Mais les différentes explications de l’intérêt sont contradictoires, dit Böhm-Bawerk[2] ; engagez le doigt dans l’une d’elles, et toute la main sera prise. C’est ainsi que l’on ne peut pas fonder à la fois l’intérêt sur la productivité du capital et sur l’exploitation. Le capital est-il vraiment productif, alors il ne sera jamais permis de parler d’exploitation ; comme d’autre part si on affirme le fait de l’exploitation on s’interdit par là d’invoquer, pour expliquer l’intérêt,

  1. Einige Fragen, pp. 86-92.
  2. Pp. 96-99.