Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/162

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la vertu productive qui serait inhérente au capital. De même l’idée fondamentale de la « théorie de l’usage », à savoir que du capital peuvent être détachés des usages ayant une valeur propre, distincte de celle du capital lui-même, et que la valeur de ces usages est précisément l’intérêt, cette idée fondamentale serait en contradiction avec les prémisses de la théorie de la productivité et de la théorie de l’exploitation. Et Böhm-Bawerk de conclure qu’aucune des explications de l’intérêt n’admet de contamination avec les autres explications. Conclusion hâtive vraiment : car on se donne trop beau jeu vraiment à raisonner sur une théorie comme celle de l’exploitation, qui est de valeur quasiment nulle, sur la théorie de l’usage, qui est fausse, et sur la théorie de la productivité, toute grossière et insuffisamment élaborée dans les formes qu’on lui a données jusqu’ici.

Ce n’est pas encore tout cependant. Böhm-Bawerk se flatte de prouver que la conception de Dietzel conduit, dans l’application, à des absurdités, et qu’elle ne s’accorde pas avec les faits[1].

Böhm-Bawerk représente par exemple que le loueur, souvent, ne connaît pas la situation de fortune de ses locataires, ne sait pas s’ils seraient ou non en état d’acheter le bien qu’ils louent[2]. Comme si, pour participer à une opération économique, il fallait savoir exactement toutes les raisons qui poussent ceux qui y participent en même temps que nous ! Bien loin qu’il en soit ainsi, nous sommes parfois hors d’état de discerner les raisons qui nous font agir nous-mêmes : nous ne voyons que le résultat final, que nous sentons avantageux, sans pouvoir dire avec précision pourquoi il l’est.

  1. Pp. 92-96.
  2. P. 86.