Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/17

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temps ; ce sera la forêt qu’on laisse croître — car dans certains cas les deux conceptions du capital coïncident[1] — ce sera le bien durable, les provisions que l’on conserve. Et je pourrais représenter à nouveau que ces biens sont dans un perpétuel état d’instabilité, sous le rapport de la valeur ; que certains d’entre eux sont tels qu’on ne voit pas le moyen d’en séparer les fruits qu’ils donnent. Mais il y a mieux : où sera le capital, dans le cas du prêt d’argent ? appellera-t-on de ce nom le titre juridique que le contrat conclu confère au prêteur ? Où sera le capital, dans le cas d’améliorations apportées à une terre ? lorsque ces améliorations ne consistent pas en des ouvrages apparents, en des tuyaux de drainage par exemple, en des barrages ou en des murs de soutènement, mais en des défoncements ou en tels autres travaux du même genre, ne voit-on pas que le capital échappe à toute prise, qu’il n’est plus autre chose qu’une augmentation, point réalisée dans une chose concrète ou du moins séparable, parfaitement insaisissable par suite, de la fertilité de la terre ?

7. Puisqu’il faut cependant choisir entre les deux conceptions qui viennent d’être opposées, j’estime qu’il convient de se décider en faveur de la première.

Elle est plus que la deuxième conception conforme aux habitudes du langage. On parle plus volontiers de capitaux dépensés, engagés, placés dans une entreprise que de capitaux achetés ou constitués[2]. Et j’ajouterai que dans cette conception à laquelle je m’arrête, l’emploi du mot capital pour des cas où le capital ne sera point un bien matériel, ni même un

  1. La remarque en est faite par Böhm-Bawerk (II, p. iii).
  2. Cf. Kleinwächter dans le Handbuch der politischen Œkonomie de Schönberg, 4e éd., Tübingen, 1896, I, p. 207.