Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/16

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de les consommer. Or il y a, à s’exprimer ainsi, des inconvénients multiples, qui apparaissent selon les cas. Tantôt on nomme capital soit une certaine somme de travail — ce qui a quelque chose de choquant —, soit un bien irréel, ce bien qu’on a renoncé à se procurer pour travailler à une production capitalistique, et qui n’a point existé. Tantôt on nomme capital un bien destiné par sa nature même à une consommation destructive, s’interdisant par là la possibilité de séparer effectivement du capital les revenus, les fruits qu’on en retirera : comment par exemple détacher d’un bien cette augmentation de valeur qui a résulté pour lui de circonstances extérieures, de sa rareté devenue plus grande ? Tantôt enfin on est obligé de considérer comme capital un bien qui change de valeur à chaque instant : c’est ainsi que la forêt, que les approvisionnements prennent à chaque moment une valeur nouvelle, ce qui fait que le capital envisagé — lequel n’est pas autre chose dans le fond qu’une valeur — est une quantité sans cesse fluctuante, et que, le capitaliste ayant toujours la faculté de couper sa forêt, de consommer ses provisions, l’opération capitalistique apparaît infiniment diverse quant à sa rentabilité, selon le moment où l’on se place pour la juger.

Appelons maintenant capital ce bien que le capitaliste acquiert par son renoncement ou par son travail, et d’où il tire des revenus. Nous rencontrerons des difficultés semblables à celles qui viennent d’être exposées, ou analogues, et sur lesquelles il ne sera pas nécessaire d’insister longuement. Le capital, dans cette nouvelle façon de parler, ce sera l’usine, ce seront les machines, les outils qu’on aura créés, ce seront les matières premières que l’on aura achetées pour leur faire subir une élaboration qui demande du