Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les abstentions il peut en être d’incommodes comme il en est d’agréables. Marx parle encore de ces engrais, de ces chevaux de trait. de ces machines à vapeur, de ces chemins de fer que le capitaliste, s’il n’était abstinent, devrait manger tout crus ; et ce n’est pas être sérieux que de parler ainsi. Il fait valoir que l’abstinence du capitaliste est lucrative pour celui-ci : ce qui est trop évident, et que Senior n’a jamais pensé dissimuler ; car le capitaliste ne s’impose ce sacrifice, cette gêne de ne pas consommer immédiatement ses capitaux que s’il doit avoir la rémunération, ou plus que la rémunération de son sacrifice. Je n’examinerai pas la différence que Marx prétend établir entre les rapports du capitaliste-entrepreneur avec ses salariés et ceux du capitaliste-prêteur avec l’entrepreneur qui fait valoir les capitaux de ce dernier : car il faudrait, pour cela, discuter la théorie de Marx sur la valeur, et sa conception de l’exploitation des salariés, En définitive, ce qui ressort des remarques de Marx sur l’abstinence, c’est qu’il faut distinguer ces sociétés d’une part où le travailleur est propriétaire des instruments de production, qu’il entretient et qu’il améliore, et d’autre part ces sociétés où le propriétaire des instruments de production emploie des salariés, au lieu de se servir lui-même de ces instruments : distinction nécessaire sans doute, et importante, mais qui ne saurait supprimer ce fait qu’une avance de capital, dans quelque société que l’on se trouve, exige toujours de la part de celui : qui s’y résout le renoncement — parfois pénible — à une consommation immédiate.

Comme Marx, Lassalle a cru devoir tourner en dérision la théorie de Senior ; il s’est amusé de l’idée de ces millionnaires qu’on voulait présenter comme des