Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’intérêt. L’intérêt existe, dit Turgot, tout d’abord parce qu’on peut employer ses capitaux à acheter des fonds de terre rapportant des rentes. Mais pourquoi les fonds de terre se vendent-ils dans des conditions telles que la rente de ces fonds devienne pour l’acheteur un intérêt de l’argent qu’il dépense ? Le propriétaire qui cède pour 100.000 francs un fonds dont chaque année il retirait 3.000 francs emprunte en réalité 100.000 francs à 3 % : pourquoi le fait-il ? comment la chose est-elle possible ? voilà ce qu’il serait indispensable de nous dire, et ce que Turgot ne dit pas.

Pour être un peu plus spécieuse, la théorie de George n’est pas plus solide que celle de Turgot. Comme Böhm-Bawerk l’a montré, cette division est arbitraire et erronée qui partage les productions en deux groupes, l’un où les forces de la nature agiraient à côté de l’homme, ou même sans lui, l’autre où ces forces n’interviendraient pas L’aide la nature se retrouve partout ; il n’est pas exact de dire que lorsqu’on manœuvre un rabot avec la main le travail de l’homme agit seul ; et que sera-ce si l’on imagine que l’installation d’une mécanique fasse marcher le rabot même pendant le sommeil du charpentier ? La dépense en main-d’œuvre peut varier grandement par rapport au produit, la collaboration de l’homme avec les forces naturelles peut s’établir en des modes divers ; toujours néanmoins, dans l’industrie comme dans l’agriculture, l’homme, quand il travaille, fait servir des forces naturelles à la satisfaction de ses besoins.

Admettons cependant que dans certains cas une action des forces naturelles se manifeste qui ne se remarquera pas dans toutes les productions. George veut que celui qui achète un sac de semence retire un intérêt de son avance : est-il sûr que le grain récolté