Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/196

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vaudra plus que la somme du prix de la semence, du loyer de la terre et des frais de culture ? N’est-il pas nécessaire même, normalement, qu’il y ait égalité entre ces deux quantités ? Que si cet exemple, en raison de la complication qu’il offre, paraît susceptible d’embrouiller les idées, prenons l’exemple tout simple du vin qui se bonifie avec l’âge. Pour George, c’est une chose qui va de soi que le vin vieux, étant meilleur, vaut plus que le vin nouveau qu’ainsi l’achat du vin nouveau assurera un intérêt au capitaliste qui achète ce vin pour le laisser vieillir. Mais le prix d’un bien ne se détermine pas seulement par la considération de son utilité présente, il se détermine aussi par celle de son utilité future. Et la question subsiste tout entière de savoir pourquoi le vin vaut moins dans le présent qu’il ne vaudra un jour, pourquoi ce placement que l’on fait en achetant le vin rapportera des intérêts.

92. Il ne sera pas nécessaire que je m’arrête longtemps sur la théorie de la productivité. J’ai déjà eu occasion de dire ce que j’en pensais, j’ai montré que, contrairement à ce que Böhm-Bawerk semble vouloir soutenir, cette théorie n’était pas fausse, mais qu’elle était, ainsi que d’autres dont j’ai parlé ci-dessus, insuffisamment explicite, et incomplète. S’agit-il de ces théories de la productivité que Böhm-Bawerk a appelées naïves ? Elles affirment la productivité du capital, elles fondent sur cette productivité l’intérêt, et elles oublient de nous dire ce qu’il faut entendre par l’expression « productivité du capital » ; elles oublient de distinguer la productivité technique du capital, c’est-à-dire ce fait que lorsqu’on consent, dans la production, à attendre le produit un certain temps, on obtient plus de produit que lorsqu’on adopte un