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94. Restent les théories du groupe IV. Parmi ces théories, on peut prendre celle de Marshall.

Marshall fait dériver l’intérêt de ces deux faits, premièrement que le capital est productif, deuxièmement que le capital — il s’agit ici du capital engagé dans la production — ne donne son produit qu’au bout d’un certain temps, et qu’ainsi les opérations capitalistiques exigent de la part du capitaliste — de la part de la généralité des capitalistes — un renoncement temporaire, un sacrifice[1]. Le capital est productif — entendons : techniquement productif — ; il y aura donc une demande de capitaux. Mais il en coûte, à l’ordinaire, de capitaliser : l’offre des capitaux sera donc limitée[2]. Et par l’effet de cette double raison il y aura nécessairement un intérêt du capital.

Telle est, dans ses grandes lignes, la théorie de Marshall. Elle présente, par rapport à celles que nous avons passées en revue jusqu’à présent, une grande supériorité : Marshall a compris que l’explication scientifique de l’intérêt devait être bilatérale. Seulement, ce n’est pas assez de dire que le sacrifice impliqué dans toute opération capitalistique limite la capitalisation, et que le capital est productif. Il faut encore dire pourquoi c’est un sacrifice de reculer une consommation, il faut montrer avec précision comment le capital, techniquement productif, devient par là productif économiquement : et c’est à quoi Marshall ne s’est pas assez appliqué.

  1. Ces deux faits, Marshall les appelle la « productiveness » et la « prospectiveness » du capital. Voir les Principles of economics, t. I, II, chap. 4, VI, chap. 6-8.
  2. p. 662.