Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

valeur donnée que de la promesse d’un bien futur de même valeur. Et pourquoi, à valeur égale, préfère-t-on un bien présent à un bien futur ? pourquoi faut-il qu’un bien présent s’échange, non pas contre la promesse d’un bien futur de valeur égale, mais contre celle d’un bien futur de valeur supérieure ? De cela, il y a, d’après Böhm-Bawerk, trois causes. Examinons ces trois causes que nous présente Böhm-Bawerk, voyons si elles correspondent à des faits véritables, et aussi si elles sont de nature à créer un agio au profit des biens présents.

La première des causes pour lesquelles, d’après Böhm-Bawerk, les biens présents sont plus appréciés que les biens futurs, et par suite doivent avoir un prix plus élevé, est ce fait que le rapport entre les ressources et les besoins varie, pour les hommes, d’un moment à l’autre. Et voici comment cette cause agit[1]. Un individu qui est moins bien pourvu dans le présent qu’il ne sera dans le futur préférera les biens présents aux biens futurs. Celui-là, d’autre part, qui est mieux pourvu dans le présent qu’il ne sera plus tard ne préfère pas les biens futurs aux biens présents : car les biens présents, à l’exception de ces biens qui sont sujets à se détériorer, peuvent être conservés en vue de la satisfaction des besoins futurs ; celui qui a de l’argent — on sait que tous les biens se convertissent en argent, et que c’est l’argent que l’on trouve dans presque toutes les opérations capitalistiques —, celui-là n’a qu’à mettre son argent de côté ; cet argent, qui est un bien présent, est en même temps un bien futur. Il faut aller plus loin : cet individu lui-même qui est mieux pourvu dans : le présent, mon seulement il ne fera pas moins de cas des biens pré-

  1. II, pp. 262-266.