Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/203

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sents que des futurs, mais lui aussi il préférera les biens présents ; supposons qu’il doive avoir 100 francs à sa disposition dans 5 ans, lesquels représenteront à ce moment une utilité égale à 1.000 ; 100 francs qu’on lui donnerait aujourd’hui, et qui aujourd’hui auraient une utilité de 500 vaudront pour notre homme non pas seulement 1.000 — ils valent 1.000 au moins, puisqu’il est loisible à leur propriétaire de les mettre de côte pendant 5 ans —, mais 1.020 car il y aura pour notre individu une chance sur 10 que dans l’intervalle des 5 ans une occasion se présente où les 100 francs auront une utilité de 1.200. Au total, on a des personnes mal pourvues dans le présent qui mettent les biens présents très haut au-dessus des biens futurs ; des personnes bien pourvues qui font un peu plus de cas des biens présents que des futurs : d’où il résulte un agio modéré au profit des biens présents.

Telle serait l’influence de la variation dans le temps du rapport des ressources et des besoins. On a, pu remarquer qu’à la place de cet inégal rapport j’avais mis, dans ma théorie, deux facteurs, la variation des ressources et la variation des besoins. Ce n’est ici qu’une différence dans l’exposition, qui sans doute a peu d’importance. Et les observations de Böhm-Bawerk peuvent être tenues pour justes. Mettez deux individus en présence, l’un mal pourvu dans le présent, l’autre très bien pourvu : le premier consentirait, pour accroître ses ressources présentes de 100 francs, à promettre de payer 125 francs au bout de 5 ans ; l’autre, dont c’est l’intérêt d’économiser en vue des années maigres, ne consentira à céder 100 francs pour 5 ans que moyennant qu’on luit rembourse après les 5 ans, non pas 100 francs, mais 102 francs — car dans l’intervalle des 5 ans les 100