Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/205

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de Böhm-Bawerk ; c’est pourquoi il est nécessaire, tout d’abord, d’exposer cette argumentation avec un peu de détail.

Les dépenses productives, dit Böhm-Bawerk, donnent d’autant plus de produit que la durée du processus productif est plus longue. 30 journées de travail, si ce travail est dépensé dans une production instantanée — mettons en 1888 — donnent 100 unités de produit ; si la durée du processus productif est d’un an, chaque mois de travail de 1888 donnera (en 1889) 200 unités ; en 1890, le mois de travail de 1888 donnera 280 unités ; il en donnera 350 en 1891, 400 en 1892, 440 en 1893, 470 en 1894, 500 en 1895. Un mois de travail de 1889 donnera d’autre part, en 1889, 100 unités, en 1890, 200, etc. ; un mois de travail de 1890 donnera 100 en 1890, 200 en 1891, etc. ; et ainsi de suite. En résumé, quelque moment que l’on considère, le produit sera d’autant plus fort que la dépense faite pour l’obtention de ce produit sera plus ancienne ; quelque année que l’on considère, un mois de travail dépensé en 1888 donnera dans cette année plus de produit qu’un mois de travail dépensé en 1889, un mois de travail de 1889 plus qu’un mois de travail de 1890, etc. Et les choses étant telles, le mois de travail à dépenser en 1888 vaudra plus que le mois de travail à dépenser en 1889 ou en 1890, le bien prêt à être employé productivement tout de suite vaudra plus que le bien qui ne pourra être employé productivement qu’après un certain temps. Non pas, certes, qu’une quantité plus grande de produit représente nécessairement une valeur plus grande : une mesure de grain dans une année de disette vaut plus que deux mesures de grain dans une année d’abondance. Mais dans un même moment, une quantité plus grande de produit représente une valeur plus grande ; les 470 unités de produit que le