Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/204

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francs dont il se sera dessaisi auront peut-être un jour la même utilité que 120 francs après 5 ans — ; qu’arrivera-t-il ? le deuxième individu prêtera au premier 100 francs moyennant le remboursement d’une somme qui ne sera ni supérieure à 125 francs ni inférieure à 102 francs ; il y aura donc nécessairement un agio dont profitera le prêteur[1].

Il convient de même d’accepter ce que Böhm-Bawerk dit de cette dépréciation systématique que nous faisons subir aux besoins et aux biens futurs, dépréciation qui constitue une deuxième raison de préférer les biens présents aux biens futurs, et qui elle aussi a cet effet de créer un agio au profit des premiers[2]. Un prodigue consentirait, pour 100 francs qu’on lui verserait immédiatement, à promettre de rembourser 150 francs après 5 ans ; un autre individu, dépréciant lui aussi les biens futurs, mais moins que notre prodigue, serait disposé à céder 100 francs contre le remboursement, après 5 ans, de 120 francs : le prêt des 100 francs sera consenti par celui-ci à celui-là moyennant le remboursement d’une somme qui pourra aller de 120 francs a 150 francs.


96. Reste une troisième cause que Böhm-Bawerk indique comme créant un agio des biens présents : cette cause, c’est l’utilité plus grande que les biens présents posséderaient, pour des raisons techniques[3]. Ici je vais être obligé de ne plus accepter l’argumentation

  1. Il conviendrait toutefois de n’affirmer que d’une manière conditionnelle l’efficacité de la cause n° 1. Les capitaux que l’on croit pouvoir prêter sans intérêts, ces capitaux même en leur faisant subir une réduction pour parer tous les risques d’erreur, pourraient en fait suffire pour cette demande qui provient de la variation des ressources et des besoins. Alors la cause n° 1 n’agirait pas, ou même elle contrarierait l’action que Böhm-Bawerk attribue aux causes n° 2 et n°3.
  2. Pp. 266-273.
  3. Pp. 273-289.