Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/219

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rêts qu’il aura à payer — pour avoir plus tôt son capital ? Mais on peut faire une hypothèse autre : le cas de notre propriétaire peut être tel que jamais ce propriétaire ne doive être en état d’économiser son capital sur ses ressources sans en éprouver de gêne, ou avec une gêne inférieure à celle que représente le paiement des intérêts de l’emprunt. Et alors, comment pourra-t-on dire que la productivité du capital fait préférer les biens présents aux biens futurs ? Dans l’hypothèse nouvelle où nous nous plaçons, la question qui se pose pour le propriétaire n’est pas de savoir s’il mettra ses terres en valeur plus tôt, avec des capitaux empruntés, ou plus tard, avec des capitaux économisés sur ses ressources ; celle question est de savoir — puisque aussi bien il n’aura jamais avantage à économiser — s’il empruntera ou non l’argent dont il a besoin.

103. Mais je veux pousser plus loin encore ma critique. Après avoir réduit la sphère d’application de la théorie de Böhm-Bawerk, je veux montrer que dans cette sphère même où il nous a semblé tout d’abord qu’elle se trouvait pleinement justifiée, la théorie de Böhm-Bawerk n’a point la valeur scientifique qu’on pourrait croire, qu’il s’en faut même de beaucoup.

Un propriétaire foncier — qui serait en état, attendant un an, d’économiser sans aucune gêne — ou avec une gêne moindre que celle qu’il aurait à payer l’intérêt courant — le capital dont il a besoin pour mettre ses terres en valeur, ce propriétaire, plutôt que d’attendre, emprunte le capital susdit. Il paiera pendant un an 5 % d’intérêt à son préteur, et l’opération lui sera néanmoins avantageuse, car pendant cette même année il retirera 10 % de capital emprunté. Dans ce cas, sans doute, c’est la productivité