Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vre cette première opération d’opérations semblables[1] : ainsi une opération s’offre à moi qui me donnera pendant 5 ans, outre l’amortissement, un revenu de 10 %, soit 100 francs pour 1.000 avancés ; mais cette opération liquidée, je ne pourrai rien faire de mon argent que le prêter au taux courant : dès lors, emprunter 1.000 francs pour un an afin de faire mon opération un an plus tôt, c’est m’astreindre à payer 50 francs pour obtenir, en définitive, ce résultat de percevoir plus tard un revenu supplémentaire de 50 francs ; et l’on n’aperçoit pas ce qu’en soi la chose a d’avantageux.

102. Tenons-nous-en aux deux cas indiqués plus haut, et considérons, par exemple, le propriétaire foncier qui emprunte pour mettre en valeur une terre à lui. En examinant les choses de près, nous nous apercevrons que dans cet exemple même la théorie de Böhm-Bawerk ne recevra pas nécessairement son application. Elle ne s’appliquerait à cette hypothèse que pour autant que notre propriétaire foncier emprunterait afin de mettre plus tôt sa terre en valeur. Ce propriétaire, attendant un an, serait en mesure d’économiser sur ses revenus, sans que cela le gêne le moins du monde, le capital dont il a besoin : alors s’il emprunte tout de suite ce capital, c’est évidemment pour avancer l’opération qu’il médite ; d’une certaine manière on pourra dire que la productivité du capital, ainsi que le veut Böhm-Bawerk, lui fait préférer les biens présents aux biens futurs : ne consent-il pas à s’imposer un sacrifice — ce sont les inté-

  1. Toujours des opérations capitalistiques pourront succéder à des opérations capitalistique ; quand le capitaliste a retrouvé, accru d’une plus value, l’équivalent des capitaux dépensés dans une première opération, ce capitaliste a devant lui, pour ses capitaux reconstitués, des placement nouveaux. C’est là ce qui fonde la pérennité de l’intérêt, comme l’a très bien montré Böhm-Bawerk (II, pp. 382 et suiv.).