Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/221

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tal ; loin de là. Je lui reproche de s’être mépris sur le rôle véritable de la productivité du capital.

Böhm-Bawerk met entre la productivité du capital et l’intérêt un intermédiaire, la préférence accordée aux biens présents sur les biens futurs. Pour lui, la productivité du capital fait préférer les biens présents aux futurs, et de cette préférence l’intérêt résulte. En réalité, c’est directement qu’il y a lieu, à l’ordinaire, de tirer de la productivité du capital l’intérêt. La productivité du capital ne fait préférer les biens présents aux futurs que dans de certains cas, que j’ai pris soin d’indiquer plus haut ; et ainsi des cas se rencontrent — ce sont de beaucoup les plus nombreux — où il est manifeste que Böhm-Bawerk a tort. Pour ce qui est de ces cas où l’on voit la productivité du capital faire préférer les biens présents aux biens futurs, Böhm-Bawerk aura raison d’une certaine manière ; mais il faudra se garder de croire que la productivité du capital donne naissance à la plus-value capitalistique à l’aide de cette préférence servant en quelque sorte d’intermédiaire ; la préférence accordée aux biens présents n’a de rapport qu’avec le mode suivant lequel la plus-value est perçue ; c’est bien la productivité du capital qui fait apparaître la plus-value, qui est la cause de celle-ci.

Il faut donc en règle générale faire découler directement l’intérêt de la productivité du capital. Il y a une productivité technique du capital. D’autre part, pour tous les emplois où le capital est techniquement productif il n’y a pas assez de ces capitaux que leurs propriétaires peuvent avancer sans aucune gène. Dès lors les avances techniquement productives ne seront pas toutes faites ; et celles qui seront faites seront économiquement productives, elles rapporteront des intérêts.