Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/226

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le capitaliste préfère au bien présent le bien futur. Il préfère celui-ci parce qu’il est plus grand, et voilà tout. Telles raisons pourraient l’empêcher de se déterminer comme il fait ; en l’absence de ces raisons, sa préférence va naturellement au plus grand des deux biens. En revanche, il est nécessaire d’expliquer pourquoi l’ouvrier préfère le bien présent, qui ne vaut que 95, au bien futur, lequel vaudra 100. Et ici, il faudra faire intervenir peut-être la dépréciation systématique du futur, la variation du rapport des besoins et des ressources, il faudra faire intervenir à coup sûr cette autre raison que Böhm-Bawerk n’a pas bien distinguée des précédentes, à savoir les souffrances que causerait à l’ouvrier la rupture de l’équilibre de sa consommation, l’impossibilité où il est, plutôt, de réduire à rien, pour un temps même très court, cette consommation. Mais la troisième des causes par lesquelles Böhm-Bawerk explique l’agio des biens présents, cette cause, à savoir la productivité du capital, n’interviendra pas plus ici qu’elle n’intervenait dans le cas du prêt de consommation. De même que celui qui emprunte de l’argent pour le dépenser improductivement ne saurait, par hypothèse, être déterminé par la productivité du capital à cette préférence qu’il accorde aux biens présents, de même la productivité du capital ne saurait être pour rien dans la préférence que l’ouvrier accorde à des biens présents qu’il va tout de suite consommer.

Ainsi la productivité du capital, qui ne pouvait pas concourir à expliquer l’intérêt du prêt de consommation, ne concourt pas davantage à expliquer l’intérêt des capitaux productifs, du moins de la manière que dit Böhm-Bawerk, à savoir par un agio qu’elle créerait en faveur des biens présents. La productivité du capital, d’après Böhm-Bawerk, fait rechercher les.