Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/237

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l’emploi du capital a pu devenir indispensable. Mais l’explication serait sans doute assez aisée à découvrir, et cette explication une fois formulée, on pourrait se dispenser, pour l’édification de la théorie de l’intérêt, de plus considérer le capital : la considération du seul travail permettrait de déterminer la plus-value, le profit, l’intérêt que le capitaliste doit obtenir.

Malheureusement, là-dessus encore il est impossible de suivre Rodbertus et Marx. La valeur ne se mesure pas au travail incorporé dans la marchandise. Sans entreprendre une démonstration en règle, il est facile de vérifier mon assertion en examinant la façon dont l’intérêt du capital se détermine. Si la valeur des marchandises dépendait du travail incorporé en elles, le profit[1] obtenu par le capitaliste se proportionnerait à la quantité de main-d’œuvre salariée par lui ; à capital égal, ce capitaliste obtiendrait plus qu’un autre, dont le capital aurait une rotation plus rapide ; à capital égal, ce capitaliste obtiendrait plus de profit qu’un autre, dont le capital servirait pour une plus forte proportion à salarier des ouvriers, qui emploierait plus de « capital variable » et moins de « capital constant ».

Or l’une et l’autre proposition sont démenties par l’expérience. La rotation plus ou moins rapide du capital n’influe pas sur le profit du capital. Soit deux capitalistes qui l’un et l’autre emploient tout leur capital — 150.000 francs — à payer des salaires. Le salaire des ouvriers étant de 1.500 francs par an, le premier capitaliste, dont le capital accomplit sa rotation en un an, occupera 100 ouvriers ; le deuxième, dont le capital accomplit sa rotation seulement en deux

  1. Il faut parler ici la langue des auteurs que je critique.