Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/246

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d’échanger, en quoi différera-t-il de n’importe quelle autre opération économique onéreuse ?


116. 5° Jusqu’à présent, c’est par rapport à l’emprunteur ou à celui de qui le capitaliste tirait ses intérêts que l’on parlait d’exploitation, On peut parler aussi d’exploitation en considérant la situation du capitaliste, et dire que le capitaliste est un exploiteur lorsqu’il perçoit des intérêts qui ne sont pas la rémunération d’un sacrifice, lorsqu’il perçoit plus : d’intérêts qu’il ne lui en faudrait pour se décider à capitaliser.

Si l’on devait accepter cette manière de parler, les capitalistes seraient presque tous des exploiteurs. Senior, et beaucoup d’autres avec lui, ont affirmé que la capitalisation impliquait un acte d’abstinence, par suite un sacrifice. Il est certain que la capitalisation est limitée par les sacrifices qu’elle impose aux capitalistes ; qu’il n’en coûte pas de capitaliser, et aussitôt toutes ces opérations capitalistiques seront entreprises qui donneront un rendement net, si faible soit-il ; il sera capitalisé, par conséquent, beaucoup plus qu’il n’est capitalisé aujourd’hui. Ainsi les moins avantagés des capitalistes ont dans les intérêts qui leur reviennent à peine un peu plus que le dédommagement de la gêne qu’ils se causent en épargnant. Mais pour un petit nombre de capitalistes qui sont dans ce cas, combien de capitalistes qui touchent des intérêts bien supérieurs à ceux dont ils se contenteraient à la rigueur ; combien de capitalistes, plutôt, qui, ayant besoin pour une petite partie de leurs capitaux de l’intérêt courant, pour le surplus, c’est-à-dire pour la majeure partie de leurs capitaux, accepteraient un intérêt très inférieur à cet intérêt.