Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/245

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conséquence, qu’en l’achetant, croirait-on expliquer le prix que prend cette denrée et les gains que réalisent les producteurs en disant simplement que ceux-ci exploitent les consommateurs[1] ?


115. 4° On dira peut-être encore qu’il y a, dans la perception des intérêts du capital, exploitation par le capitaliste de ceux de qui il perçoit ces intérêts, lorsque ceux-ci, en consentant à payer des intérêts, ne commettent aucune faute, ne font rien qui ne leur soit avantageux. Je prête 1.000 francs à un prodigue, lequel s’engage à me rendre 1.050 francs après un an ; et ces 1.050 francs qu’il me remboursera représenteront, dans le moment où il devra les prélever sur son avoir, plus d’utilité que je ne lui en procure présentement avec les 1.000 francs que je lui donne : comme c’est sciemment et volontairement que le prodigue accepte, ou plutôt sollicite le marché, on ne parlera pas d’exploitation. Mais si au lieu d’un prodigue j’ai devant moi un besogneux, qui a réellement son avantage à m’emprunter 1.000 francs pour m’en rendre 1.050 plus tard, alors certains seront tentés de prononcer qu’il y a exploitation de l’emprunteur.

Seulement il apparaîtra tout de suite que cette vue, pas plus que les précédentes, n’explique proprement l’intérêt ; et j’ajouterai que l’appréciation que l’on formulerait ainsi ne serait nullement fondée : si l’on écarte les préjugés qui ont existé jadis contre le prêt à intérêt et qu’on se mette en présence de la pure réalité, en quoi le fait d’emprunter à intérêt quand y trouve son avantage différera-t-il de celui d’acheter,

  1. Notons que la plupart des consommateurs jouiront d’une rente, comme disent certains économistes ; car ils paieront la denrée qu’ils achètent moins cher qu’ils ne seraient disposés à faire ; et de même des locataires de biens durables.