Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/248

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capitaux que l’on crée par des prélèvements sur les revenus ne sont que très peu de chose par rapport aux capitaux précédemment créés et dont on est en train de percevoir les intérêts[1]. Si l’on ne considère que les capitaux nouveaux, alors certes il apparaît que ces capitaux réclament des intérêts : économisant une année 3.000 francs sur mes 10.000 francs de revenus, il faudra, pour que l’opération capitalistique où je vais dépenser ces 3.000 francs me soit avantageuse, que ces 3.000 francs me rapportent 3 %, ou 2,5 %. Mais que sont ces 3.000 francs et tous les capitaux créés dans le même moment à côté des capitaux plus anciens qui rapportent des intérêts ? Moi-même, en même temps que j’économise 3.000 francs sur mes revenus, je suis à la tète d’une entreprise où j’ai dépensé 100.000 francs, et que je pourrais céder pour 100.000 francs ; ou bien encore je viens d’hériter de 100.000 francs liquides. Ces 100.000 francs qui sont à ma disposition, quel intérêt faut-il qu’ils me rapportent pour que je trouve mon profit à les employer d’une manière capitalistique ? un intérêt minime à coup sûr. Car il est clair que ce serait une détestable opération de ma part de les consommer : tout de suite ; ma consommation annuelle étant de 10.000 francs, mon avantage n’est pas de porter une année cette consommation à 110.000 francs pour la laisser les années suivantes à 10.000 francs ; il est de répartir également ces 100.000 francs qui viennent en

  1. En tant que les biens créés ou acquis avec ces capitaux anciens pourraient être l’objet d’une consommation immédiate, Le rapport des biens que l’on épargne dans une année, par exemple, avec ce que l’on a précédemment détourné de la consommation et que l’on pourrait reprendre pour le consommer immédiatement, ce rapport varie, comme on le conçoit, avec les temps et les lieux. Ce qu’il est pour notre temps et pour notre pays, on peut s’en donner une idée approximative ; et l’on se rend compte aisément par là que l’accentuation du caractère capitalistique de notre économie se fait assez lentement.