Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/267

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branche de la production ; elle cesse d’être vraie ou plutôt elle cesse d’avoir aucune importance lorsqu’on considère — comme nous faisons ici — la production tout entière, par rapport à l’une ou à l’autre des classes sociales entre lesquelles elle se partage.

Mais à vrai dire, parler de la valeur de la production totale, c’est employer une expression qui n’a point de signification : la notion de valeur est une notion toute relative ; cela seul a une valeur qui s’échange, et la valeur se mesure par la proportion selon laquelle l’échange s’opère. Envisageons donc, au lieu de la valeur, l’utilité de la production : cette production étant réduite de moitié, l’utilité sera réduite non pas de moitié — on connaît la loi de la décroissance de d’utilité —, mais de moins de moitié. Ce que produira, donc, l’unité de travail, sera — mesuré en utilité — plus grand que ce qu’elle produisait tantôt. Seulement le rapport de l’utilité du produit à celle de la somme payée comme salaire, à celle du capital avancé restera à peu de chose près inchangé, et ainsi les nombres mis par Böhm-Bawerk dans son deuxième tableau devront être tenus pour exacts, en tant que ces nombres montrent l’intérêt que le capitaliste obtiendra, le salaire étant élevé, avec des processus productifs plus ou moins longs. L’utilité du produit que donne l’année de travail est plus grande ? plus grande aussi, et dans la même proportion, est l’utilité de ce qui revient au capitaliste comme gain, plus grande est l’utilité de la somme qu’il a employée capitalistiquement : quels que soient, dès lors, les nombres par lesquels on exprimera ces diverses quantités, le rapport du gain annuel au capital dépensé, rapport qui constitue l’intérêt, restera le même. La notation de Böhm-Bawerk peut paraître incorrecte : les résultats auxquels il parvient, touchant le taux de l’intérêt, sont parfaitement justes.