Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/268

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127. Reste la troisième donnée du problème : le stock des subsistances, autrement dit, la quantité des sommes dont les capitalistes feront un emploi capitalistique. Cette troisième donnée peut-elle être tenue pour fixe ? Ne variera-t-elle pas au contraire en même temps que la solution qu’elle contribue à déterminer ?

La quantité des capitaux varie avec le taux de l’intérêt. Or ce fait a été négligé par Böhm-Bawerk, lequel commence par poser l’existence d’un certain stock de subsistances, et part de là pour déterminer l’intérêt, sans indiquer tout de suite qu’il y a une action en retour de l’intérêt sur la capitalisation.

On pourrait essayer de défendre Böhm-Bawerk de ce reproche en invoquant le passage où Böhm-Bawerk parle des prélèvements opérés par les capitalistes sur le stock des subsistances[1]. Böhm-Bawerk a d’abord supposé que ces subsistances étaient toutes destinées à entretenir les travailleurs pendant la durée de la période productive ; après quoi, corrigeant sa théorie, il a remarqué que le stock des subsistances servait aussi à l’entretien des autres classes sociales, notamment à l’entretien des capitalistes. Les capitaux employés dans la production représentent l’excès des subsistances du stock sur ce qui sera consommé par les non-travailleurs, disons ici, pour simplifier, par les capitalistes. Grâce à cette correction, Böhm-Bawerk va-t-il nous donner satisfaction ? Pas précisément.

Si les capitalistes peuvent prélever pour leur consommation une part des subsistances qui sont produites, c’est, dit Böhm-Bawerk, parce qu’il existe un agio des biens présents, un intérêt. Maintenant, ce prélèvement des capitalistes influe à son tour sur l’intérêt, il élève celui-ci par cela même qu’il réduit la

  1. Pp. 437-438.