Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/269

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quantité des subsistances qui serviront à entretenir des travailleurs. Ainsi raisonne Böhm-Bawerk ; mais l’interdépendance de l’intérêt et de la capitalisation qu’il établit ici est moins étroite que celle que nous constations tantôt ; ou plutôt même il n’y aurait pas, à prendre à la lettre le raisonnement de Böhm-Bawerk, interdépendance des deux choses. L’intérêt est-il élevé ? Alors, d’après Böhm-Bawerk, les prélèvements des capitalistes seront importants ; d’où une diminution du stock des subsistances, et finalement une hausse nouvelle de l’intérêt. À quoi on peut répondre : si les prélèvements des capitalistes sont une conséquence de l’existence de l’intérêt, ces prélèvements, à considérer une société de formation capitalistique dans un moment donné de son développement, ne diminuent pas proprement la quantité des subsistances destinées aux travailleurs, ils ne diminuent pas la capitalisation. Un intérêt existe : le capitaliste qui consomme cet intérêt pour vivre ne réduira pas proprement la capitalisation, tout ce qu’il fera, ce sera, s’il consomme tout son revenu, de l’empêcher de progresser.

Faut-il présenter la même critique d’une autre façon ? À lire ce que dit Böhm-Bawerk, on est porté à croire que le capitaliste est obligé, pour consommer, d’attendre que ses capitaux aient produit des intérêts. Mais est-il vrai que les prélèvements des capitalistes soient une conséquence de l’existence de l’intérêt ? Je sais bien qu’en fait la plupart des capitalistes ne consomment que leur revenu. Ils pourraient cependant agir autrement ; le stock des subsistances, ils n’ont pas besoin pour avoir le droit d’y toucher qu’il ait été employé productivement et qu’il ait fait naître des intérêts ; ce stock qui, considérant le revenu qu’ils en tireront en