Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/27

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

étant les seuls qui puissent devenir des capitaux, il est inutile d’ajouter que tous ces biens servent effectivement comme capitaux. La chose ne serait pas nécessaire, et sans doute elle ne serait pas vraie si nous envisagions un homme isolé, tel Robinson dans son île : sans parler de l’argent, dont Robinson n’aurait que faire, il est assurément beaucoup de biens dont Robinson, les distrayant de la satisfaction des besoins immédiats, ne saurait tirer des revenus. Mais dans la société il n’est pas de bien susceptible d’être consommé d’un coup qui ne soit susceptible d’être prêté : et par suite il n’en est pas qui ne soit susceptible de rapporter des revenus. La catégorie des capitaux coïncide exactement avec celle des biens dont on fait une consommation destructive.

En réalité, toutefois, c’est presque toujours l’argent qui jouera le rôle de capital. Il en est ainsi, manifestement, pour les capitaux que l’on prête. Prête-t-on du travail ? Ceux qui fournissent du travail non qualifié sont payés de leur travail au bout d’un temps toujours très court ; et on ne voit pas qu’il soit fait état, dans le salaire qui leur est alloué, des intervalles de temps au bout desquels ces salaires leur sont versés que les ouvriers salariés au mois reçoivent de ce fait plus que les ouvriers salariés à la journée. Très rares sont ceux qui, fournissant du travail à d’autres, seraient en mesure d’attendre leur salaire assez longtemps pour que la nécessité apparut de leur tenir compte de cette attente ; et ceux là mêmes qui pourraient le faire, tels certains hauts employés des grandes entreprises, les administrateurs des sociétés financières, sont dès le commencement, avant même que les premières avances aient rien rapporté, payés à des intervalles réguliers et assez courts ; car il est d’une meilleure comptabilité de n’avoir qu’une caté-