Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/271

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Que faut-il penser de cette notion et de l’usage que Böhm-Bawerk en fait ?

Tout d’abord, comprenons bien dans quel sens Böhm-Bawerk a parlé d’un stock de subsistances qui permettrait aux capitalistes de faire exécuter aux travailleurs qu’ils occupent des travaux de longue durée. Böhm-Bawerk ne veut pas dire, lorsqu’il parle d’un stock de subsistances suffisant pour entretenir les travailleurs pendant 4 ans, 6 ans, qu’il y ait, qu’il doive y avoir des subsistances accumulées déjà et assurant l’entretien des travailleurs pendant cette période. Ceci serait par trop contraire à ce qu’il nous est donné d’observer. Quand même la durée moyenne de la production serait 4 ou 6 ans, on ne verrait pas plus de blé accumulé que ce qui est nécessaire pour attendre la récolte prochaine, du moins pas beaucoup plus ; et si l’on excepte ces denrées dont la production est, par la force même des choses, discontinue — telles la plupart des denrées agricoles —, on constate qu’il est produit au jour le jour tout ce qui sera consommé par les travailleurs et par les autres membres de la société[1].

Böhm-Bawerk n’ignore rien de tout cela. Il sait fort bien que lorsque ce qu’il appelle le stock des subsistances permet d’entretenir les travailleurs pendant 6 ans, une très petite partie seulement de ce stock est disponible pour une consommation immédiate[2]. Pour calculer la grandeur du stock, il tient compte non seulement des produits qui déjà sont prêts à être consommés, mais encore de tout le travail déjà

  1. La concurrence qui s’exerce entre les producteurs, la nécessité en outre de satisfaire une demande qui n’est pas tout à fait régulière, d’autres facteurs encore poussent souvent à l’accumulation des marchandises ; mais cette accumulation est limitée, et d’ailleurs l’économique pure peut très bien la négliger.
  2. P. 339.