Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/31

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On a vu admettre également au nombre des capitaux ces biens qui, pas plus qu’ils ne sauraient être consommés d’un coup, ne sauraient non plus être vendus. C’est ce qu’a fait Tarde. Sans doute il exige, pour considérer un bien comme capital, que ce bien rapporte des revenus ; mais cela lui suffit, et il ne réclame point autre chose. C’est pourquoi il recevra au nombre des capitaux les inventions, les connaissances générales, celles-là même qui sont dans le domaine public, et qui par conséquent ne font l’objet d’aucun échange, pas plus qu’elles ne se laissent détruire par aucune consommation[1].

Enfin il ne resterait plus, après tous ces élargissements du concept de capital, qu’à entendre par capital tout l’avoir d’un individu. C’est ce qu’avait fait Du Cange dans son Glossaire : « on entend par capital, dit-il, tous les biens que l’on peut posséder »[2].

13. Dans les définitions qui viennent d’être passées en revue, la notion de capital apparaissait plus vaste que je ne l’ai faite. Sans doute, nos auteurs introduisaient souvent dans leurs définitions — sans toujours, à vrai dire, les indiquer explicitement — des déterminations que je n’ai pas cru devoir accepter dans la mienne. Plusieurs d’entre eux, à coup

    que cette somme de valeurs ou ce capital consiste en une masse de métal ou en toute autre chose, car l’argent représente toute espèce de valeur, comme inversement toute espèce de valeur représente l’argent ».

  1. Psychologie économique, Paris, 1902, I. 7. 2. Tarde insiste fortement sur la distinction du capital-inventions et du capital-produits. Il compare le premier au germe de la graine, le deuxième au cotylédon ; il montre que celui-là est de beaucoup le plus important, que lorsqu’il demeure, rien ne serait plus facile, dans les circonstances normales et pour un pays civilisé, que de créer l’autre à nouveau en cas de destruction.
  2. Glossarium ad scriptores mediae et infimae latinitatis, art. Capitale 4 (Paris, 1842, Il, p. 140).