Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/30

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dit les Latins, ou de les vendre. Cette conception nouvelle, comme celle où je me suis tenu, se rencontre chez Adam Smith — on sait assez que celui-ci ne s’est pas plus piqué de rigueur dans son vocabulaire qu’il n’a pris soin de choisir, bien souvent, entre des théories divergentes ou même contradictoires — : le même Adam Smith qui dans un certain passage parle de provisions distraites de la consommation immédiate, ailleurs, énumérant les biens qui peuvent être des capitaux, admettra dans son énumération tous les biens échangeables qui donnent des revenus à celui qui les possède[1]. Et semblablement Wagner formulera ainsi la définition du capital — du capital privé — : « le capital, au sens historico-juridique, est cette partie de l’avoir d’une personne dont celle-ci peut se servir pour obtenir un revenu (rente, intérêt) »[2].

Faisons un pas de plus. Nous ne demanderons plus aux biens, pour qu’ils reçoivent le nom de capitaux, qu’ils donnent des revenus, c’est-à-dire que le renoncement à une consommation destructive ou le retard apporté à cette consommation ait pour résultat de faire obtenir au capitaliste un produit supérieur en valeur à ce qu’il a sacrifié. Par là deviendront des capitaux tous les biens dont la consommation est différée. « Quiconque reçoit chaque année, a dit Turgot, plus de valeur qu’il n’a besoin d’en dépenser, peut mettre en réserve ce superflu et l’accumuler. Ces valeurs accumulées sont ce qu’on appelle un capital[3].

  1. Richesse des nations, pp. 337-338.
  2. Lehr— und Handbuch der politischen Œkonomie, Grundlegung, 3e éd., Leipzig, 1892, § 129 (p. 316). Le capital « en général », pour Wagner, ce sont tous ces biens qui servent à acquérir d’autres biens.
  3. Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, § 59 éd. Daire, Paris, 1844, I, p.37). Turgot ajoute : il est absolument indif-