Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/312

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événement de ce genre, me forcera de dépenser d’un coup des sommes considérables : et alors je devrai peut-être emprunter. Si mes ressources annuelles, par exemple, sont de 15.000 francs, et mes dépenses aussi, qu’une maladie survienne qui me coûte 20.000 francs, il me faudra de toute nécessité emprunter au moins une partie de cette somme. Mes ressources et mes dépenses habituelles étant les mêmes, la maladie me coûte-t-elle seulement 10.000 francs ? je pourrai prendre cette somme sur mes revenus de l’année ; mais alors mes dépenses habituelles seraient réduites à 5.000 francs cette année, pour remonter à 15.000 francs l’an prochain ; mieux vaudra pour moi emprunter à intérêts les 10.000 francs et rendre ces 10.000 francs en un certain nombre d’années, en sorte que les dépenses habituelles de cette année-ci et celles des années suivantes subissent la même réduction.

Ainsi les variations accidentelles des besoins poussent à emprunter. Ne font-elles pas économiser aussi ? Pour être imprévisibles quant au moment où elles se produiront, ces variations accidentelles n’en sont pas moins telles que chacun de nous sait qu’il est exposé à les subir. Ne prendrons-nous pas nos précautions à l’avance, et plutôt que de risquer d’être obligés quelque jour d’emprunter à intérêts, ne ferons-nous pas des économies ? Par là des capitaux seraient constitués qui pourraient être prêtés — si l’’emprunteur est par exemple une banque, faisant beaucoup d’emprunts semblables, et capable par suite de rembourser à vue, en cas de besoin, les sommes à elle avancées —, et qui n’exigeraient pas d’intérêts[1]. Effectivement la prévoyance existe chez les hommes ; mais cependant,

  1. On fait aussi des versements à des sociétés de secours mutuels, à des assureurs : ces assureurs, ces sociétés capitalisent en partie les primes qu’elles reçoivent.