Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/311

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passée, les besoins diminueront ? Sans doute les enfants seront partis ; et l’on pourrait ajouter que des goûts de jeunesse auront disparu ; mais la santé exigera des soins qu’elle ne réclamait pas jusque-là ; les goûts rassasiés et amortis seront remplacés par des goûts plus coûteux, parce que, plus raffinés ; le besoin du luxe, de l’ostentation se sera développé ; et enfin il sera malaisé à la plupart de restreindre leur train de maison, même après que la réduction de la famille aura justifié cette mesure : ayant habité par exemple un appartement d’un certain loyer alors que les enfants étaient là, on ne se résignera pas à en prendre un plus petit quand ils n’y seront plus.

Mais à vrai dire la variation des besoins n’influe pas beaucoup sur la capitalisation, en tant que cette variation résulte d’événements normaux et prévisibles. On ne voit guère les gens économiser des sommes d’argent quand leurs besoins sont petits pour consommer ces sommes quand ils se seront mariés ou qu’ils auront eu des enfants[1] ; on ne voit guère les gens emprunter des sommes à intérêts pour les rembourser dans leur vieillesse. Ce sont surtout les variations accidentelles des besoins qui ont de l’influence sur ce qui nous occupe.

Ces variations accidentelles ont pour effet principal de faire emprunter. Il y a dans nos besoins une certaine régularité ; lorsque cette régularité vient à être dérangée, c’est par des accroissements de besoins, non par des diminutions. Rarement il arrivera que je puisse réduire ma dépense de moitié pendant un temps, m’éviter telle grosse dépense habituelle ; mais il arrivera assez souvent qu’une maladie, ou quelque autre

  1. Ils placeront des sommes d’argent pour consommer plus tard les intérêts de ces sommes.