Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/329

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5.000 francs épargnés et celle des 200 francs qui viennent en surplus ; cette distance serait moindre en vertu de la loi que la décroissance de l’utilité se ralentit de plus en plus, quand les 5.000 francs et les 200 francs considérés se trouvent s’ajouter à un revenu plus grand. Mais si est plus grand que , il apparaît que pour celui qui a 40.000 francs de revenus, un rendement régulier de 200 francs suffira plus facilement à rémunérer une épargne de 5.000 francs que pour celui qui a des revenus moindres ; celui qui a 40.000 francs de revenus épargnera plus facilement que l’autre, il se contentera d’un intérêt moindre.

Essayons de tirer de ceci des conséquences, quant à l’effet de la distribution des richesses sur la capitalisation. De ce qui vient d’être dit, il résulte immédiatement qu’un pays riche — toutes choses égales d’ailleurs — épargnera plus qu’un pays pauvre. Mais deux pays étant également riches, lequel épargnera le plus, de celui où la richesse est distribuée également, et de celui où elle est inégalement distribuée ?

Cette question, qui est d’une grande importance pratique, ne paraît pas pouvoir être tranchée par une réponse générale, Imaginons un pays pauvre, tel que les habitants, si la richesse était répartie également entre tous, auraient à peine un peu plus que ce qui est strictement indispensable : dans ce pays, je pense, la richesse étant répartie également, il ne serait presque pas épargné ; si au contraire, la masse de la population étant réduite à une extrême misère, une partie des habitants jouissent de revenus assez élevés, ceux-ci pourront et voudront certainement épargner : l’inégalité des conditions, fâcheuse à de certains égards, aura du moins cet heureux résultat de donner à l’économie un caractère progressif.