Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/344

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théorie comme celle que j’ai développée, si on veut s’en servir pour comprendre et pour expliquer les faits que nous présente l’expérience, est d’une application fort délicate ? Procédant par abstraction — cela est nécessaire dans une question telle que celle de l’intérêt —, examinant toujours les hypothèses les plus simples, me bornant à rechercher les lois les plus élémentaires et les plus générales qui régissent la matière de mon étude, j’ai dû cependant donner de l’intérêt une explication bilatérale, reconnaître à l’intérêt une multiplicité de causes qui s’agencent et se combinent en des modes nombreux et divers. Quelle difficulté dès lors dans l’interprétation des faits concrets de l’expérience ! Un même fait que l’on constatera pourra avoir plusieurs raisons, et présenter ainsi des significations très différentes : la baisse de l’intérêt, par exemple, pourra provenir d’une grande abondance de capitaux, comme on dit, et être un indice d’un accroissement de la richesse générale ; elle pourra aussi bien résulter d’un rétrécissement des débouchés du capital, et marquer un ralentissement fâcheux dans les progrès de l’économie ; elle pourra avoir l’une et l’autre cause, signifier l’une et l’autre chose, et d’autres encore.

Mais il est sans doute inutile de conseiller ici la prudence : la complexité de la théorie que j’ai présentée n’a pas pu manquer de frapper le lecteur, et elle l’aura mis en garde contre la tendance à donner aux faits de l’expérience des explications trop simples. Puisse du moins ma théorie constituer pour la compréhension de ces faits le guide sûr qui a manqué jusqu’à présent !