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ment [1]. Il peut arriver également que la multiplication des emplois ouverts aux capitaux, élevant le taux de l’intérêt, je suppose, de 5 % à 6 %, fasse regretter à tous ces capitalistes en général qui ne tirent pas plus de 5 % de leurs placements, et qui ne peuvent pas tout de suite rentrer dans leurs avances, réaliser ce qu’on appelle « leurs capitaux », de n’avoir pas attendu davantage pour placer leur avoir, ou de ne pas avoir choisi des placements permettant de dégager les sommes dépensées.

Toutes ces erreurs que les capitalistes commettent à leur détriment sont fâcheuses aussi pour la société. Ici donc on ne peut pas parler de conflits des intérêts particuliers et de l’intérêt général. Et d’ailleurs l’institution de la propriété privée n’est point cause du dommage que subissent à la fois les particuliers et la société : les administrateurs de la société socialiste seraient sujets à commettre, dans la détermination du quantum de la capitalisation, dans le choix des opérations capitalistiques à entreprendre, des erreurs toutes pareilles à celles que les particuliers commettent aujourd’hui dans la gestion de leurs affaires.



10. Veut-on savoir maintenant lequel, du régime actuel et du régime socialiste, est le plus propre à sauvegarder les intérêts de la collectivité dans l’ordre de la capitalisation ? Le problème, au premier abord, semble très simple à déterminer, s’il n’est pas très facile à résoudre. On notera que le régime de la propriété privée suscite des conflits des intérêts particuliers et de l’intérêt général, que ce dernier, dans ce régime, subit des atteintes du fait de causes qui n’existeraient pas dans le régime socialiste ; on se rappellera ensuite que de certaines causes existent dans l’un et dans l’autre régime qui sont de nature à porter atteinte à l’intérêt général ; après quoi il ne restera plus, semble-t-il, qu’à estimer l’influence qu’exerceraient d’un côté et de l’autre les causes en question, et à établir la balance.

Et cependant le problème est plus complexe que cela. La recherche des atteintes que reçoit aujourd’hui l’intérêt général dans l’ordre de la capitalisation ne fournit pas tous les éléments nécessaires pour décider si, sous ce même rapport, le régime socialiste serait ou non supérieur à celui d’aujourd’hui, C’est que l’optimum de la capitalisation pour une société donnée ne reste pas le même quel que soit, dans cette société, le régime de la propriété : l’optimum de la capitalisation varie avec la distribution des richesses, laquelle, comme on sait, dépend du régime de la

  1. §§ 198-199.