Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/357

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

propriété. Étant donné les ressources et les besoins des différents membres de la société, alors, et alors seulement on pourra dire : il est désirable que la consommation présente de certains soit diminuée dans une certaine mesure, point qu’elle soit diminuée davantage, ni que soit diminuée celle des autres afin d’accroître par la suite la richesse sociale.

Ainsi donc pour une même société, selon qu’elle sera individualiste ou socialiste, l’optimum de la capitalisation sera tel ou tel. Mais à vrai dire la détermination de ces optima serait en elle-même d’un intérêt médiocre ; et il serait également d’un intérêt médiocre de rechercher combien dans la réalité chaque formation reste au-dessous de son optimum. L’une et l’autre chose n’ont d’intérêt qu’en tant que leur différence fait le quantum réel de la capitalisation dans l’une et l’autre formation. Le quantum réel de la capitalisation marque le caractère plus ou moins progressif de l’économie, Or ce qui importe à une société, c’est uniquement si avec le régime de la propriété qu’elle a la richesse sociale augmente plus ou moins vite qu’avec un autre régime.

Pour prendre un exemple, supposons que dans notre société, avec la distribution égale qu’amènerait l’établissement du régime socialiste, la déperdition par rapport à l’optimum de la capitalisation dût être moindre que celle qui a lieu dans le régime individualiste, qu’en définitive cependant, l’optimum étant très bas, notre société dût capitaliser moins avec le régime socialiste qu’elle ne fait avec le régime individualiste. Cela étant, le régime socialiste de la propriété conviendrait moins à notre société, sous le rapport de la capitalisation, que le régime individualiste ; il pourrait se faire que le régime individualiste, nonobstant d’autres considérations qui militeraient en faveur du régime socialiste, fût préférable à ce dernier, tout au moins pendant un temps, jusqu’à ce que les progrès réalisés grâce au régime individualiste aient apporté certaines modifications dans les conditions respectives des deux régimes, le réel et le possible.

Bien entendu, ce sont là de pures suppositions ; mais elles me paraissent propres à bien faire comprendre la vraie nature du problème.