Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/36

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que tous ces biens que l’homme n’a pas produits soient éternels. Des matériaux ne peuvent-ils pas s’offrir à nous, des biens devant servir à produire d’autres biens, à la création desquels nous n’aurons eu aucune part, et qui pourraient être consommés ? Si un individu trouve des graines comestibles et qu’au lieu de s’en servir pour son alimentation il les sème, ne fait-il pas une opération capitalistique, et n’y a-t-il pas lieu de tenir pour un capital ces graines à la production desquelles notre individu n’a nullement concouru ?

Cette remarque toutefois n’est pas d’une très grande importance. Si la limitation du concept de capital dont je viens de parler est peu correcte, il en est, dans les définitions de ces auteurs pour qui les capitaux sont des biens productifs, qui sont autrement injustifiées et arbitraires. Ce sont celles par lesquelles on réserve le nom de capitaux soit aux instruments dont on se sert dans la production, soit aux subsistances destinées à entretenir les travailleurs pendant la durée du travail productif.

La première de ces deux conceptions a été proposée par Kleinwächter. Celui-ci ne veut considérer comme capitaux que ces biens qui rendent plus facile le travail productif ; et ainsi il exclut de l’extension du concept de capital — d’une manière que l’on ne peut approuver — les matériaux, les matières premières que le travail met en œuvre[1].

L’autre conception a des parrains plus nombreux. Lassalle écrivait : « le capital, dans le régime de la division du travail, de la production consistant en un système de valeurs d’échange et de la libre concurrence, c’est du travail passé que l’on avance et qui

  1. Die Grundlagen und Ziele des sogenannten wissenschaftlichen Sozialixmus, Innsbruck, 1885, pp. 184 et suiv.