Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/45

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ne sont point suffisamment claires par elles-mêmes.

Personne n’ignore que les besoins que nous éprouvons sont de deux sortes. Tantôt il s’agit pour nous de nous procurer une jouissance, un plaisir positif, tantôt il s’agit de nous soulager d’une souffrance. Au reste le plaisir et le soulagement ont une commune mesure, puisque, lorsque nous sommes dans la nécessité de choisir entre l’un et l’autre, nous savons bien nous décider.

C’est à la satisfaction de ces deux sortes de besoins que nous employons nos ressources. Une même somme d’argent peut servir à satisfaire une infinité de besoins d’importance inégale. Cherchant à satisfaire la plus grande quantité possible de besoins, nous satisferons tout d’abord, cela se conçoit, les besoins les plus importants.Et le dernier besoin satisfait se trouvera avoir une certaine importance. C’est l’importance du dernier besoin que nous sommes en mesure de satisfaire qui fait dire que nos besoins sont plus ou moins grands. Si, ayant chaque année 20.000 francs à dépenser, le dernier besoin que je puis satisfaire cette année est plus grand que le dernier besoin que j’ai pu satisfaire l’an dernier, je dirai que, de l’année dernière à cette année, mes besoins se sont accrus[1].

Cette distinction sera peut-être critiquée par les psychologues ; ils feront remarquer que le besoin d’une jouissance, le désir est souvent une souffrance, si même il n’en est pas toujours une comme le veulent les pessimistes ; ils feront remarquer encore que la suppression de certaines souffrances — telle celle de la faim — ne va pas sans un plaisir réel ; et ainsi de suite. Il est permis à l’économiste de ne pas entrer dans ces subtilités.

  1. De ce que les besoins se sont accrus on ne peut pas conclure proprement que la somme du bien-être s’est accrue. ni non plus qu’elle a diminué. La somme du bien-être dépend en effet du rapport des besoins positifs et des besoins négatifs. Mes besoins peuvent s’être accrus depuis l’an dernier parce que j’ai plus de souffrances dont je dois chercher à me débarrasser : et ainsi l’accroissement des besoins s’accompagne d’une diminution de bien-être.Mes besoins peuvent s’être accrus aussi