Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/46

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Comment donc arrive-t-il que les besoins s’accroissent, ou qu’ils diminuent d’une époque à une autre de la vie des individus ? C’est que des souffrances que l’on ne connaissait pas apparaissent, dont il faudra chercher à se débarrasser ; c’est que des souffrances, inversement, disparaissent ; c’est qu’il nous vient des désirs nouveaux, et que des désirs nous quittent. C’est encore et surtout que les besoins, positifs ou négatifs, varient d’intensité dans le cours du temps.

Soit, par exemple, un homme qui aurait chaque jour à sa disposition une certaine quantité, toujours la même, d’aliments et de boisson. On conçoit qu’avec l’état de sa santé, avec la température, avec d’autres circonstances encore, le besoin que notre homme aura de ces aliments, de cette boisson sera plus ou moins grand : dans un certain moment, un litre d’eau ne procurera pas plus de bien-être ou de plaisir que deux litres dans un autre moment.

Ce qui résultera de ces variations des besoins particuliers, il est aisé de se le représenter. L’individu dont j’ai parlé, s’il était isolé, aurait avantage parfois à conserver des biens pour un moment où ces biens lui seront plus utiles. Dans la société, où tous les hommes vivent en fait, il n’en sera pas de même. L’homme qui vit en société vend presque tout ce qu’il produit ou qu’il obtient de la nature, il achète presque tout ce dont il a besoin. Dès lors il n’a guère lieu jamais de conserver ou de se procurer à l’avance des biens d’une espèce particulière, en vue d’un accroissement de leur utilité. Achètera-t-il aujourd’hui des biens qui ne doivent lui servir que demain ? il n’y a point avantage, il attendra jusqu’à demain pour faire

    parce que j’ai appris à goûter des plaisirs que j’ignorais : et alors ce sera le contraire.