Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/72

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fie pas, enfin, que toute avance, dans la production, donnera un supplément de produit qui représentera plus d’utilité qu’elle-même. Le capital est productif, cela veut dire qu’il est un nombre très grand, et pratiquement illimité, d’avances que l’on peut faire, par lesquelles on obtiendra un supplément de produit plus utile que ne serait utile, si on le consommait immédiatement, le capital dépensé. Il n’y a d’ailleurs pas lieu pour l’instant d’entrer dans des déterminations plus précises : l’avance capitalistique entraîne-t-elle nécessairement, comme le veut Böhm-Bawerk, un allongement du processus productif, du temps pendant lequel le produit est attendu, le degré capitalistique de l’opération se mesure-t-il à la longueur du processus productif, plus tard sans doute il sera utile d’examiner ces points ; dans ce chapitre, voulant simplement montrer comment la productivité du capital donne naissance à l’intérêt, il me suffit de donner de cette productivité une définition sommaire, de noter que de bien des manières il est possible, avec du capital, d’accroître le produit net — estimé sous le rapport de l’utilité — des entreprises productives.

33. La productivité du capital a été regardée par quantité d’auteurs comme une des causes de l’intérêt, et l’on a pu même avancer[1] que dans la réalité tous les auteurs l’avaient regardée comme telle. Au vrai, c’est une explication qui se présente d’elle-même à l’esprit, lorsqu’on voit par exemple un propriétaire, un entrepreneur emprunter pour mettre en valeur un fonds, pour exploiter un procédé industriel, de dire : ce qui met l’emprunteur à même de payer des intérêts, ce qui le décide à le faire, c’est la productivité

  1. Walker, Dr Böhm-Bawerk’s theory of interest, Quarterly journal of economics, juillet 1899 (t. VI, pp. 404-405).