Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/73

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des capitaux qu’il emprunte. Et toutefois cette explication a été si vivement combattue par Böhm-Bawerk, celui-ci lui a refusé avec tant de force et d’insistance tout caractère scientifique, qu’on est obligé de se demander si vraiment la productivité du capital doit être regardée comme une des causes de l’intérêt, et qu’il est indispensable d’établir avec une précision rigoureuse la nature du rapport qui existe — car de toute évidence il en existe un — entre la productivité du capital et l’intérêt.

L’expression : productivité du capital, remarque Böhm-Bawerk[1], peut être prise dans plusieurs sens différents. Dire que le capital est productif, c’est dire : ou bien que le capital d’une manière générale peut servir à produire des biens [1] ;

ou bien qu’avec le capital on obtient plus de biens qu’on n’en eût obtenu sans lui [2] ;

ou bien qu’avec le capital on obtient des biens valant plus que ceux qu’on eût obtenus sans lui [3] ;

ou enfin qu’avec le capital on obtient des biens valant plus que le capital lui-même [4].

Dans les deux premières propositions, il n’est question que d’une productivité technique du capital ; dans les deux dernières il est parlé d’une productivité économique, la proposition affirmant que l’emploi du capital donne — en valeur — un produit brut, la proposition 4 affirmant que cet emploi donne un produit net, et par conséquent un intérêt.

La productivité du capital pouvant être comprise de ces différentes façons, Böhm-Bawerk reproche aux

  1. I, p. 132. La définition de la productivité du capital que j’ai donnée tantôt ne figure pas dans cette énumération. Ma définition correspond à la proposition 2, mais avec une détermination complémentaire, — On n’oubliera pas que Böhm-Bawerk entend le capital autrement que je ne fais.