Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/112

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différence, appelle les mêmes objections que celle-ci. Nous sommes libres dans la mesure que les faits montrent ; nous sommes libres pour autant que la raison exerce d’influence réelle sur notre conduite, qu’elle contribue à orienter notre activité dans le sens de ce qu’elle nous a représenté comme le meilleur, qu’elle intervient comme une force agissante au milieu du jeu des autres forces psychiques.

La liberté ainsi entendue ne s’oppose pas au déterminisme. On pourra très bien concevoir qu’elle ait ses conditions inscrites dans le corps, qu’on trouve dans celui-ci la traduction du fait que, d’une manière générale, tel individu est plus libre qu’un autre, que chez un individu donné la raison a agi dans un certain cas et point dans un autre. On tiendra en même temps les actions humaines, toutes les actions, pour prévisibles ; on pensera qu’il n’est pas impossible en soi que l’on sache à l’avance quand la liberté se manifestera, et dans quelle mesure. Bref, on accordera tout ce que le déterminisme doit réclamer pour mériter son nom.

Toutefois, il faudra prendre garde de ne pas comprendre le déterminisme d’une façon qui contredise, qui rende impossible la liberté, fait d’expérience. Il faudra que le déterminisme ne soit pas conçu comme excluant toute contingence, mais que la contingence au contraire soit mise au cœur du déterminisme. Il faudra que l’on se représente cette contingence comme croissant, d’une certaine manière, à mesure que, parcourant l’échelle des sciences, on s’éloigne des mathématiques pour se rapprocher de la psychologie ; que l’on admette que les modes suivant lesquels les différentes sortes de phénomènes se déterminent sont variables. Je ne veux pas