Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/130

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voir. C’est sans doute pour ne pas avoir pu imaginer un devoir qui ne fût pas l’obligation classique que Spencer a incliné vers le naturalisme, et que Leslie Stephen, M. Wundt, M. Höffding y ont versé tout à fait. C’est pour la même raison apparemment que Nietzsche a fondé son « immoralisme ». C’est la même cause qui a contribué tout au moins à soulever M. Simmel, M. Lévy-Bruhl contre la morale ; c’est elle qui a contribué, enfin, à inspirer à M. Rauh son fidéisme.

Ainsi la notion de l’obligation n’est pas seulement une source d’erreurs pour ceux qui l’adoptent. Ceux-là mêmes qui la rejettent sont éloignés par elle, souvent, de la vérité : la place qu’elle tient dans leurs préoccupations les empêche de voir qu’une morale est possible, que cette morale doit être rationnelle, et que le devoir en sera une des notions fondamentales. Il faut, en quelque sorte, se libérer de la croyance à une loi morale transcendante plus complètement encore que n’ont fait les philosophes dont je viens de parler ; alors il deviendra possible de croire au devoir, et d’établir une morale, une morale digne de ce nom.