Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quand j’ai dit qu’il ne s’agissait, pour déterminer la valeur morale des fins de notre activité, que d’appliquer à ces fins notre réflexion, je prenais ce mot dans son sens vulgaire. Mais ce sens n’est pas sans avoir du rapport avec le sens philosophique ; et le discernement du rapport qui existe ici entre les deux sens du mot montre mieux que toute autre chose que la méthode préconisée ci-dessus est bien celle sur laquelle on doit fonder la morale rationnelle. Qu’est-ce que la réflexion ? C’est au sens philosophique, et au sens propre du mot, le retour du sujet sur lui-même, c’est le sujet prenant possession de soi. Et comment ai-je demandé que l’on considérât les fins de notre activité, quand on veut en déterminer la valeur morale ? J’ai demandé qu’on les considérât en se détachant des forces internes qui nous poussent vers elles, et qui sont par elles-mêmes, en un certain sens, étrangères au moi ; en d’autres termes il faut les considérer en faisant un retour sur soi, avec la volonté d’être soi-même, d’affirmer sa personnalité. Mais d’autre part qu’est-ce que la raison ? La raison, c’est l’épanouissement de la personne, c’est cette faculté, la plus haute qui soit en nous, qui travaille à donner au moi la plénitude de la réalité. Dès lors, c’est bien satisfaire la raison que de procéder comme je l’ai indiqué plus haut ; une fin sera rationnellement justifiée que notre moi, tout à fait conscient de lui-même, ne pourra pas se refuser à vouloir.

On voit par là quel sens précis il convient de donner à certaines formules qui sont d’un emploi courant dans la philosophie. Le bien, au sens moral du mot, c’est, dit-on, le désirable ; et le désirable, qu’est-ce donc, sinon le désiré ? À quoi je répondrai : le désirable sans doute ne