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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/137

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naturelle ; de même que ce sont les faits qui ont posé devant nous le problème moral, ce sont les faits encore qui fourniront la solution de ce problème.

Le principe moral est le principe du plaisir. Que celui-ci seul satisfasse aux exigences de la raison, je tâcherai de le démontrer plus loin. Dans ce chapitre, je m’appliquerai simplement à faire voir qu’il remplit les conditions posées plus haut, et qu’ainsi à tout le moins il nous donne une solution du problème moral.

Il n’est pas besoin d’aller chercher des preuves bien loin pour établir que notre moi, lorsqu’il se place dans l’attitude définie ci-dessus, est invinciblement déterminé à rechercher le plaisir et à éviter la douleur. Il suffit ici de faire appel à l’observation la plus familière. Un objet me plaît ; l’acquisition, la possession de cet objet, je le sais, me seront agréables ; en l’absence de toute autre considération, si je fais abstraction de cette force qui peut me pousser vers l’objet en question et qui ne naît pas précisément de la pensée du plaisir que celui-ci me procurera, pourrai-je délibérément, volontairement, m’empêcher d’obéir à l’appel du plaisir ? De même — car au plaisir il faut toujours que la morale joigne son contraire — il m’est impossible, raisonnablement, de ne pas fuir la souffrance : il y a là, comme dans le fait précédent, une nécessité, une loi de notre nature.

Cette vérité si simple et si certaine, que notre moi, pour autant qu’il prend conscience de lui-même et des exigences de sa raison, ne peut pas ne pas rechercher le plaisir et ne pas fuir la douleur, n’a pas été dégagée nettement par les philosophes ; on l’a remplacée bien