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Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/141

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giques ? Alors, à l’inverse, l’influence de la raison s’ajoutera à celle qu’ils possèdent.

La thèse que je viens de discuter est quelquefois mise sous une forme un peu différente de celle qu’on a vue. On ne dit pas que dans le moment où nous nous préparons à accomplir un acte c’est le plaisir que nous devons trouver dans cet acte qui consciemment ou inconsciemment nous y détermine ; mais on dit que les tendances qui nous poussent à agir de telle ou telle façon tirent leur origine de plaisirs dont on a fait jadis l’expérience, et on paraît croire que cela revient au même. A cela l’on peut répondre — sans examiner si oui ou non, à l’inverse de cette conception, le plaisir ne suppose pas toujours, comme certains l’ont prétendu, une tendance préexistante — qu’il est des tendances qui manifestement tirent leur origine d’autre chose que du plaisir une fois goûté : la simple répétition d’un acte ne suffit-elle pas à donner naissance à une habitude, c’est-à-dire à une sorte de tendance ? Mais est-il besoin d’aller chercher cela ? Du moment qu’on reconnaît que la tendance peut devenir, une fois formée, indépendante du plaisir de l’expérience duquel elle serait née, on s’écarte de la thèse de l’ « hédonisme psychologique ».

Ainsi donc il faut renoncer à voir dans le plaisir le principe unique qui déterminerait nos actions. A côté de lui il y a le désir, la tendance, les impulsions inconscientes, toute une série de forces diverses qui agissent sur nous et avec lesquelles il n’a point de rapport, dont il ne règle pas à lui seul, du moins, l’efficacité. En revanche, ce qu’il faut dire — et cela suffit à fonder l’hédonisme comme doctrine éthique —, c’est que la ré-