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II

On vient de voir que l’application du principe hédonistique permettait cette justification de la conduite que la raison réclame. Il sera plus aisé encore de montrer qu’elle donne satisfaction à la raison sur l’autre point dont il a été question au premier chapitre de cet ouvrage, je veux dire qu’elle permet l’unification de la conduite.

Pour que le principe hédonistique puisse servir à opérer l’unification de la conduite, il faut tout d’abord qu’il y ait entre les plaisirs une mesure commune, la quelle deviendra la mesure de la valeur des actions. Comment donc se fera la mesure des plaisirs ? Par la constatation interne, et immédiat, de l’adhésion plus ou moins complète qu’ils provoquent de la part du moi conscient ; pour parler le langage ordinaire, par le sentiment que l’on prendra directement de leur plus ou moins grande intensité. On sent qu’un plaisir est aussi intense qu’un autre, que tel plaisir est plus grand que tel autre, qu’à ce dernier il faut ajouter tel autre plaisir pour avoir l’équivalent de celui-là. La perception de l’égalité, de l’inégalité des plaisirs, de l’égalité d’une somme de deux plaisirs avec un troisième plaisir, permet de quantifier les plaisirs, de les soumettre à toutes les opérations que l’on opère sur les grandeurs. Et la commune mesure n’existe pas seulement entre les plaisirs, elle existe aussi entre les plaisirs d’une part et d’autre part les peines, celles-ci étant par rapport aux plaisirs des grandeurs affectées d’un signe négatif : car