Page:Landry, Principes de morale rationnelle, 1906.djvu/16

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suprême, et unique, à laquelle il nous faille tout subordonner, vers laquelle il nous faille diriger toute notre activité.

Ce que sera la fin morale, si même il est possible de déterminer cette fin, et par suite s’il est possible de constituer la morale, ce n’est pas le moment de le dire. Il n’est question pour l’instant que de voir ce qu’est le problème moral, à quelles conditions le besoin moral pourra être satisfait. Et la condition que je viens d’indiquer est d’une importance capitale.


Les considérations précédentes, en montrant comment le problème moral se pose, ont fait voir quelle est la nature véritable du besoin qui donne naissance à ce problème. Le besoin moral est à la fois le besoin d’assurer l’indépendance de la personne, ou mieux encore — car l’idée de l’indépendance est une idée purement négative — la pleine possession du moi par lui-même, et le besoin d’unifier la conduite.

Nous éprouvons — nous pouvons éprouver du moins — le besoin de devenir nos propres maîtres, de nous affranchir de la domination des forces de toutes sortes qui agissent en nous. Nous ne voulons pas nous abandonner, renoncer à exercer aucun contrôle sur nos démarches. Si nous laissons jouer d’une manière toute spontanée les instincts, les tendances, les impulsions intérieures, nous ne nous appartenons plus. Et certes il y a quelque chose d’étrange dans ces formules, puisque enfin les forces internes que notre moi veut se soumettre entrent dans la composition de ce moi. Il n’en reste pas moins que l’homme n’agit pas réellement quand il se borne à laisser agir ses inclinations : c’est